le rôle du pharmacien

le rôle du pharmacien

Cette pandémie et le confinement ont été un défi pour la plupart des personnes et donc aussi les pharmaciens. Nous avons dû faire face à une réorganisation de notre travail quotidien, une multitude de mesures d’hygiène, à notre sentiment d’insécurité, celui au sein de nos équipes ainsi que celui de nos patients.

Je profite donc ici de l’occasion pour exprimer quelques réflexions sur le rôle du pharmacien en temps de pandémie.

Assurer la continuité des soins

Notre premier rôle est certainement dassurer la fourniture en médicaments et autres produits pharmaceutiques aussi bien pour toutes les maladies “habituelles” que pour les patients COVID-19, en assurant la qualité de ce que nous délivrons.

Il faut donc prévoir l’approvisionnement et les les stocks adéquats des médicaments et autres produits. Et il faut nous assurer que les personnes qui en ont besoin puissent les recevoir, notamment ceux en isolation, en quarantaine ou les personnes vulnérables qui font aussi mieux de ne pas sortir de chez eux.

Cela peut paraître simple, mais cette tâche a été compliquée par

  • un manque en personnel (congé pour raisons familiales, congés maladie,…) aussi bien chez nous que chez nos fournisseurs
  • la mise en place des mesures d’hygiène (besoin de matériel et de temps)
  • en conséquence une réorganisation de nos flux de travail
  • le fait que nous devons limiter le nombre de personnes admises au sein de l’officine
  • les tensions d’approvisionnement pour certains produits
  • un besoin accru en produits dont l’approvisionnement était “sous tension” (alcool, produits désinfectants, produits hydro-alcooliques, masques, gants,…)

Donner des informations et conseils fiables

Les pharmaciens sont les professionnels de santé les plus accessibles, ce qui nous confère un rôle important en tant que conseiller de santé.

Ces dernières semaines nous avons pu contribuer au bon déroulement de la situation et

  • informer et éduquer le public sur le SARS-CoV-2 et les mesures adéquates
  • identifier le besoin d’une personne à consulter le médecin (suspicion de COVID–19 ou demande de conseil spontanée qui nécessite un avis médical) et référer le patient en conséquence
  • orienter des patients sur la manière de se faire soigner dans un système de santé réorganisé
  • écouter les soucis des patients et prendre le temps de bien expliquer la situation, les mesures, ce qu’il ne faut pas faire

Dans d’autres pays, notamment en Espagne, les pharmaciens se sont engagés aussi dans le lutte contre la violence domestique, qui a augmentée en période de confinement.

On pourrait imaginer aussi une campagne de sensibilisation des pharmaciens aux signes de dépression et d’anxiété chez les patients pour qu’ils s’engagent à les détecter, à encourager les concernés à consulter et à leur donner les informations où se faire aider.

Quelques remarques personnelles

Ces dernières semaines j’ai pu voir passer à l’officine beaucoup de patients qui étaient dépassés par la situation et ne l’ont pas toujours réalisé. J’ai vu des personnes vulnérables venir eux-mêmes à la pharmacie puisqu’ils/elles ne savaient pas à qui demander de venir à leur place. J’ai vu des personnes probablement Covid-19 (+) ou leurs proches venir à l’officine sans prendre de précautions, soit parce qu’ils ne savaient pas que leurs symptômes devaient faire penser à un COVID-19 ou puisque cela leur était égal. J’ai vu des personnes qui venaient sans masque, alors que c’était déjà obligatoire, puisqu’ils n’arrivaient pas à le mettre faute de motricité fine au niveau des mains. A cela se rajoutent beaucoup de personnes qui ne connaissaient pas les mesures préconisées par les autorités ou qui ne les avaient pas bien compris.

En bref, le besoin d’explications était grand. À cela se rajoute que le travail “normal” est devenu plus compliqué (cf plus haut).

Nous avons eu du soutien par les autorités, notamment l’autorisation de travailler avec des ordonnances “dématérialisées” , le droit de prolonger les validités des ordonnances pour les traitements chroniques, le droit de délivrer au domicile, des consignes pour l’utilisation de l’hydroxychloroquine, une limitations des ventes d’anti-pyrétiques et anti-inflammatoires en OTC pour pouvoir conserver les stocks nécessaires au niveau national, et puis la mise à disposition gracieuse de masques chirurgicaux pour les pharmaciens.

Par contre les pharmacies ont disparues de tous les documents sur des mesures sanitaires ou de protection du personnel de la part autorités. Il semble que personne n’a pensé à ce que les pharmaciens sont des professionnels de première ligne, ce qui les expose au risque de contagion, mais les pose en position idéale pour aider à diffuser des messages essentiels pour la santé de la population, surtout pour tous ceux qui ont du mal à se procurer ces informations par les voies classiques ou qui ont du mal à les comprendre.

Je comprends biens qu’étant donné que nous sommes un petit pays, les ressources humaines de nos autorités sont limitées et je sais aussi qu’avec la mise en place de l’agence du médicament luxembourgeoise les services qui sont responsables pour le monde pharmaceutique au Luxembourg sont en pleine restructuration. Et pourtant je pense que des informations plus claires, cohérentes, transparentes et spécifiques auraient été nécessaires.

Je vais partager ici un communiqué de presse de l’APB (27.03.2020) qui formule assez bien ce que je voudrais dire aussi aux autorités luxembourgeoises.

Les pharmaciens sont en première ligne

Dans la lutte contre le coronavirus, les prestataires de soins ont besoin d’informations claires, cohérentes, transparentes et spécifiques de la part des autorités et des différents niveaux de pouvoir.

Parmi les prestataires de soins de première ligne, les pharmaciens occupent une place importante dans cette lutte collective contre le coronavirus. Ils informent, conseillent, préparent, délivrent de manière responsable médicaments, dispositifs médicaux, biocides afin d’éviter des pénuries et assurent le suivi des traitements médicamenteux pour les 500.000 personnes qui les contactent chaque jour. Cela demande beaucoup d’efforts pour servir la population de manière sûre au niveau de l’officine, mais aussi pour permettre, par le portage à domicile notamment, aux personnes confinées ou qui ne peuvent se déplacer de continuer à recevoir leurs médicaments essentiels.

Or l’APB, l’OPHACO, l’AUP, l’UPB/AVB et le VAN constatent avec regret que, depuis le début de la crise, les communiqués des autorités ne mentionnent pas nommément les pharmaciens. Si nous pouvons comprendre que, dans un premier temps, le matériel de protection, vu les stocks disponibles, soient dirigés prioritairement vers d’autres professionnels de la santé, la reconnaissance du travail accompli, sans soutien pour la protection, est un élément clé pour maintenir l’engagement sans limite d’un métier qui est essentiel pour la population. Ceci ne demande ni budget, ni complexité logistique, juste un peu de considération de la part des autorités pour soutenir les 18.000 personnes qui s’engagent résolument au quotidien contre ce virus dans les officines de ce pays.

Bibliographie

Fédération internationale de pharmacie: COVID-19: DIRECTIVES POUR LES PHARMACIENS ET LE PERSONNEL DE PHARMACIE (v. 26.03.2020)

Pharmazeutische Zeitung: Apotheker weltweit halten zusammen (16.04.2020)

Enquête Test- Achats: la pharmacie de demain publié par upb-avb.be en juillet 2015

www.apb.be: communiqué de presse: les pharmaciens sont en première ligne (27.03.2020)

www.apb.be (Associoation pharmaceutique belge): Standard Operating Procedure Coronavirus (v. 11.05.20)

Community pharmacist in public health emergencies: Quick to action against the coronavirus 2019-nCoV outbreak (April 2020)

Community pharmacists and communication in the time of COVID-19: Applying the health belief mode (25.03.2020)

On the frontline against COVID-19: Community pharmacists’ contribution during a public health crisis (31.03.2020)

SARS-CoV-2 outbreak: How can pharmacists help? (26.03.2020)

“MASCARILLA-19” : l’Espagne met en place un dispositif de signalement des violences pendant le confinement (27.03.2020)